mardi 3 novembre 2015

Marineland 2.0 dès février ?… chiche !

La dissonance cognitive, est le paradoxe qui est au centre même de l'activité du Marineland d'Antibes comme de tous les autres parcs d'attractions du même genre.
Exploiter des animaux sans autre finalité réelle que de générer de substantiels profits et prétendre à grand renfort de marketing contribuer à leur bien-être - ou encore plus osé -… à leur sauvegarde !, c'est un raisonnement comparable au court-circuit. Quand deux fils électrifiés se touchent : ça grille.

Il semble d'ailleurs clair que les plombs ont sauté à Marineland et le fusible et Directeur Bernard Giampaolo remplacé.

Les destructions provoquées par un cataclysme d'une violence exceptionnelle sont survenues au pire moment pour les affaires de ce business éthiquement indéfendable.

Les parcs marins, inexorablement controversés par une multitude d'argumentaires bien documentés n'ont pourtant pas empêché l'ancien Directeur de clamer :
 « Le Marinand existe depuis 45  ans, il sera encore là dans 45 ans »
Plus que l'arrogance provocatrice de cette déclaration c'est surtout la stupidité et de celle-ci et quelques autres (comme le dérapage sémantique de la « casse animale ») qui ont dû inquiéter la hiérarchie de son employeur Parcos Reunidos sur les capacités de gestion de crise de cet ancien dirigeant du Groupe Accor.

Des dauphins tarifés asservis à l'hôtellerie (Le Lagoon), les shows tonitruants, les paillettes et PomPom-girl, un Groupe Financier, tout cela juxtaposé aux concepts de Recherche, de Protection Animale, et préservation des espèces… ça « dissone » grave !

Cet été, le Marineland d'Antibes malgré son intense fréquentation touristique a multiplié massivement ses parutions publicitaires afin de contrer l'érosion incessante d'un public de moins en moins naïf car de mieux en mieux informé.
Ce public a maintenant la possibilité d'être averti des réalités hors-champs des Parc Marins par les Associations, les Réseaux Sociaux mobilisés 24h sur 24, les Blogs, les whistleblower (Donneurs d'Alertes), les nombreux scientifiques et… l'Internet en général.

Le temps de la « Réclame » triviale est bien révolu, comme celui du marketing-propagande simpliste et cynique, de celui qui cible clairement les enfants censés devenir les « prescripteurs » de leurs parents… ceux-ci étant ainsi pris en otage.

Le Marineland et la multinationale Parcos Reunidos auraient plutôt intérêt à intégrer ce changement de paradigme plutôt que de tenter de résister bec et ongle à cette prise de conscience planétaire virale de toute façon inéluctable se transformant en « mème » (avec accent grave)

S'adapter c'est survivre… 

c'est valable également pour ce Groupe.

Les destructions de la tempête (90 % des installations selon la Direction elle-même) pourraient être l'occasion inespérée d'engager une réflexion sur la nature du parc et sur l'évolution possible pour cette entreprise, de ses emplois, qui prendrait en compte les exigences de plus en plus fermes d'un public d'opposants dont le nombre croît de façon exponentielle.

C'est sans doute ce processus d'acceptation de la remise en question qui est le plus difficile.

Leurs experts marketing devraient pourtant ne rien ignorer de ce qu'on appelle la théorie de l'engagement ou encore le piège abscons… qui est la version la plus radicale de la « dissonance cognitive »… toujours elle !
Si on est taquin, on peut évoquer aussi le piège à cons… de celui qui fait juger à tort que l'on a déjà trop investi pour ne pas continuer dans la même voie pourtant sans issue.

Le piège semble pourtant bien se refermer sur nos dirigeants quand la direction déclare la réouverture programmée pour février 2015/2016

Les mâchoires du piège

Marineland s'engage dans un processus de dépense (argent, temps, énergie) pour atteindre un but donné de rentabilité sans pour autant rien modifier sur le fond .
Qu'ils en soient conscients ou non, atteindre ce but n'est pas certain avec les mêmes recettes, encore moins sur le long terme étant donné l'évolution des mentalités qui achèvera sa mutation bien avant 45 ans.

Le processus se poursuivra donc sauf s'ils décident activement de l'interrompre.

Ils ne pourront plus fixer de limite à ces investissements, condamnés à la fuite en avant pour tenter de contrebalancer avec les mêmes schémas dépassés une opposition de masse qui sera de plus en plus partagée et virulente.

Quelques exemples historiques croustillants illustrent ce type de piège à… : comme l'enlisement au Vietnam (on peut dire la même chose de la guerre en Irak), ou la poursuite d'études « coûte que coûte »,  piège abscons comme cette profession de foi, droit dans les bottes et menton en avant :
Nous ouvrirons quand nous serons vraiment prêts."
Ils veulent offrir un Marineland flambant. Pas rescapé. Surtout pas rafistolé. Alors ils prendront le temps. Aujourd’hui, les bassins sont propres. Les soigneurs à leurs postes. Le moral des troupes est bon.
(Nice matin)
En août je pointais les bizarreries entourant la légalité de l'existence du Marineland et de l'autorisation de construction du Lagoon et de son inauguration en présence du Maire.

Patatras ! en octobre, ce secteur au statut de zone inondable potentielle est passé à zone inondable avérée avec ce que cela impliquera désormais de mesures de protection tant pour les animaux que pour le personnel et le public.
La protection des animaux est impossible, on ne déplace pas des cétacés comme des lapins en cages, sans parler des locataires des aquariums et les animaux de la Ferme.

Les mêmes dangers menacent les employés et le public.
L'exemple récent le démontre, la météo ne maîtrise rien avec des changements climatiques dont l'effet s'est associé ici avec les incidences du bétonnage anarchique du littoral.

Ce qui s'est produit se reproduira à nouveau

On n'évacuera donc pas en quelques minutes sans « casse humaine » un parc avec des milliers de visiteurs paniqués.
Le matin succédant cette nuit de chaos, je déblayais chez des amis à Biot…
Quand la vague les a submergés, il n'y a pas eu d'alerte, pas de sirènes, ils ont eu 5 minutes pour sauter par la fenêtre et tenter de survivre.
J'imagine 900 mètres en aval l'horreur de ce même cataclysme en pleine journée, un parc bondé et le parking saturé de centaines de véhicules transformés en autant de béliers fous dévalant dans cette convergence de torrents de boue et de débris en furie.
Photo réalisée à 750 mètres en amont de l'entrée du Parking de Marineland
le matin suivant le désastre.
(Au rond-point qui précède celui des Groules… lieu habituel des manifs)

 

Pensée positive

La catastrophe naturelle qui a ravagé le site pourrait être un point de départ formidablement symbolique pour entamer une reconversion innovante de cette activité désormais obsolète et à contre-courant de l'histoire.


Marineland doit jouer cette carte, renoncer au spectacle sordide et absurde d'ours polaires dans les étés brûlants de la Côte d'Azur, ouvrant ainsi les voies des développements à suivre pour les autres parcs.
Le travail de réhabilitation des animaux présents sur le site pourrait se faire en collaboration avec les Associations et les scientifiques garants du bon déroulement des opérations.

Cette nouvelle génération de parc serait d'une extraordinaire richesse créative et documentaire, réellement pédagogique cette fois, pourvoyeuse d'emplois… de gros bénéfices et d'une excellente image.

Les solutions technologiques existent et sont opérationnelles dès maintenant. Ces prouesses époustouflantes n'en sont pourtant qu'au balbutiement et les progrès dans ces domaines sont ultrarapides :



Nos hommes d'affaires ne peuvent pas l'ignorer, ils ont les moyens de ces ambitions.

Les indemnisations versées par les assurances et des investissements du Groupe devraient être consacrés à la reconversion des activités vers celles du parc d'attraction de demain.
Marineland deviendrait dès lors un lieu « propre » et exemplaire, et non plus l'objet grandissant sans cesse d'un consensus de honte.

Manquer ce rendez-vous et maintenir la trajectoire actuelle finira dans le mur, c'est une question de temps, car l'heure est à la compréhension et à reconnaissance de la sensibilité animale comme du « vivant » en général.

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